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Décroissance des nouveaux concessionnaires ?

Jan 10, 2024Jan 10, 2024

La décroissance, un mouvement prônant une réduction de la consommation d’énergie et de ressources dans les pays du Nord, trouve de nouveaux publics. Au Japon, le manifeste sur la décroissance de Kohei Saito, Le Capital à l'Anthropocène, est devenu un best-seller. En Europe, les membres du Parlement européen ont parrainé une conférence de trois jours « Au-delà de la croissance ». Aux Etats-Unis, la revue socialiste Monthly Review a connu une tendance à la décroissance. Ces dernières semaines, le sujet a été abordé, entre autres, par le New Statesman, le New Yorker, Jacobin, le British Medical Journal et le New York Times.

Cet article a été publié pour la première fois sur Truthout.

Dans New Statesman, l’économiste Hans Stegeman estime que les débats entre décroissance et croissance verte sont déjà dépassés. À l’heure actuelle de faible croissance du PIB, il n’y a pas de choix significatif entre les deux. Au lieu de cela, du moins en l’absence de toute réorganisation radicale de la société, les économies évoluent par défaut vers un modèle post-croissance.

Dans The New Yorker, le militant écologiste Bill McKibben présente la décroissance comme un appel à réduire la consommation, contrairement au Green New Deal (GND), qui met l'accent sur la production. De manière impartiale, il s’oppose à une croissance « sans fin », mais se sépare des décroisseurs lorsque ceux-ci, invoquant les coûts écologiques de toutes les activités minières nécessaires, refusent de soutenir « une poussée tous azimuts en faveur des véhicules électriques (VE), des pompes à chaleur, des panneaux solaires et des éoliennes ». .» Pourquoi ne pas faire les deux, demande-t-il : investir dans les énergies renouvelables et les véhicules électriques tout en limitant le « consumérisme inutile » ?

Transformateur du monde

C’est à Jacobin que l’on trouve les vues les plus vinaigrées, déjà annoncées dans le titre : « Le problème de la décroissance ». Matt Huber, un professeur de Syracuse dont le livre Climate Change as Class War est paru l'année dernière, trouve quelques mots polis pour la critique du capitalisme par les décroissants mais rejette le reste.

Pour Huber, la décroissance est une politique d’austérité. C’est une approche anti-marxiste – où le marxisme est décrit (de manière idiosyncrasique) comme un programme visant à accélérer la production et la consommation sous l’impulsion de l’État. Méprisant « l’interdiction » du développement technologique des décroissants et leur insistance à limiter l’utilisation de l’énergie et le débit de matériaux, sa contre-proposition se concentre sur le « développement massif des forces productives ».

Et tandis que les décroissants perçoivent la transgression des frontières planétaires comme une menace existentielle, la position de Huber est décontractée. L’un d’eux, le trou dans la couche d’ozone, a déjà été « réparé », et d’une manière si magnifiquement simple, grâce à un changement de technologie. Les huit autres – dont le changement climatique et la disparition de la biodiversité ne sont que deux – peuvent être résolus par des « transformations qualitatives de secteurs de production spécifiques ».

Pour « réparer » le changement climatique, le secteur spécifique à transformer est celui de l’énergie. Pour les États-Unis, Huber emprunte une « modélisation marquante » au rapport Net-Zero America de Princeton pour préconiser des investissements massifs dans les pompes à chaleur et les énergies renouvelables, dans le captage et le stockage du carbone (CSC) et dans la construction de 250 « grands » réacteurs nucléaires.

Il considère le programme de Princeton comme compatible avec un GND électoralement populaire, qu'il oppose au manque de soutien des électeurs en faveur de la décroissance. Cette dernière critique comporte une touche de projection, étant donné que le propre manifeste de Huber, la nationalisation de toutes les entreprises privées sous un régime de planification socialiste, n'a guère de succès dans les sondages. Il a fallu lutter pour toutes les causes qui transforment le monde, d’abord contre la marée majoritaire.

fleurir

Tout d’abord, les partisans de la décroissance ne prônent absolument pas la récession ou l’austérité. Celles-ci découlent de la dynamique de l’accumulation du capital qu’ils critiquent, abhorrent et cherchent à surmonter. S’appuyant sur les traditions socialistes, anarchistes, décoloniales et féministes, leur projet est une transformation sociétale avec une redistribution radicale, au niveau national et international, pour élever le niveau de vie des masses.

Deuxièmement, la distinction entre décroissance et GND ne peut pas être mappée à de simples binaires, qu’il s’agisse de « réduire la consommation ou investir dans la production », « rejeter ou promouvoir les nouvelles technologies » ou « sacrifice individuel ou action collective ». De nombreux opposants à la décroissance soutiennent que l'électricité devrait être un droit humain et accessible à l'ensemble de la population mondiale ; la plupart des décroissants seraient d’accord. Ils préconisent des investissements gargantuesques dans les technologies d’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.